De bon matin, par tous les temps, pas beaucoup plus haute que le karotsaki chargé qu’elle tire, la marchande de quatre saisons pose ses sacs à l’angle de la superette AlphaBita sur Aghios Alexandros de Paléo Faliro. Toujours, coiffée d'un fichu, cette petite dame au visage rond, buriné et ridé d'une petite firiki(1) installe son étale de poupée sur les palettes du magasin. Dans un carton parfois deux se mélangent pêle-mêle une récolte de biffins, de fruits et légumes de saison, trop biscornus pour passer le casting des acheteurs de la grande distribution. Dans de grands plastiques, elle cache ses hortas vertes et fraiches d'une cueillette matinale, les épluche et les nettoie en attendant discrètement ces clients. Peu loquace, elle salut ses connaissances, accueillent les habitués toujours d’un bon mot et présente sa marchandise. Elle ne vous presse pas, réservée, vous laisse repartir les mains vides avec le sourire. Les sans-logis de la petite plage la saluent de quelques mots en allant acheter du vin qu’ils boiront autour d'un barbecue toujours prêt à allumer sur la crique de Floisvos et sans la déranger les tziganes s’installent à côté d’elle avec poussettes et enfants. Elle me met en garde de ne pas laisser ma chienne au lampadaire, qu’on risquerait de me la voler. Je souris et la remercie. Peu de chance qu’on vole Lola avec son pédigrées de la rue! Quand la marchande de poissons installe à son tour son casier de bois et son sceau de moules, la petite dame se lève volontiers pour lui faire un brin de causette toujours l'oeil sur le chaland.
Elle vous tend un sac recyclé au logo de divers supermarchés. Elle en ouvre un autre avec de l’aneth,
des oignons frais ou du persil pour compléter vos achats. Puis, elle penche la
tête au-dessus du sac, rajoute si nécessaire une orange, deux courgettes ou des citrons et vous annonce le prix(2). Personne ne marchande ni ne discute. Les commerçants ne lui font pas la guerre mais souvent de la monnaie ou la dépanne avec des sacs. Vers 14h00, elle plie bagages, remet tout en ordre, ne laissant aucune trace de son passage jusqu’au lendemain. Elle remonte en claudiquant la rue Iridos, s'arrête pour replacer son foulard sur ses cheveux et repart prendre le bus qui va vers Sounion. Je sais que sa journée n'est pas finie...
Avec ses légumes du jour, j'ai préparé un plat-saveurs-du-sud, sucré au sourire de cette femme, teinté de solidarité et de tolérance d'un quartier.
Pourtant, en me promenant les matins sur la digue de Faliro, je croise des silhouettes endormies sous des couvertures ou des duvets, des visages froissés devant les douches de la plage et je me pose toujours la même question est ce que la misère est moins pénible au soleil ? Ça, c'est une autre histoire...
INGRÉDIENTS : 3 tomates mures coupée en 6 quartiers – 1 poivron vert, 1 poivron rouge en lanière – 2 oignons frais hachés – 3 courgettes en dé – 2 pommes de terre en cube – 10cl de jus de tomate - 1 feuille de laurier - Curry en poudre – Sel & Poivre – Huile d’olive
PRÉPARATION :
- Laver, éplucher et couper les légumes
- Dans un wok, faire revenir les oignons dans l’huile sans les colorer.
- Ajouter tous les légumes et mélanger avec les oignons. Laisser mijoter doucement à couvert environ 20 min. Les légumes vont rendre leur jus.
- Ajouter le jus de tomate, le curry. Mélanger
- Ajouter les pommes de terre et remettre à cuire à couvert jusqu’à ce qu’elles soient tendres. Découvrir le wok ou la casserole en poursuivant la cuisson pour réduire le jus si nécessaire. Rectifier l’assaisonnement.
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Je ne sais pas si la misère est moins pénible au soleil mais les légumes y sont meilleurs. Merci pour ces instantanés grecs !
Anne
-----------de Vb.
Je partage Anne, les légumes sont meilleurs... Merci et Au plaisir. Excellente semaine. Valérie
Rédigé par : Happy_Cooking | lundi 10 juin 2013 à 12:02