Le Nez dans les Casseroles

LE CAFÉ INEKO, DU VERT QUI DONNE LA PÈCHE ....

Il fut un temps (presque lointain) où le quotidien d'un végétarien(1) parisien n'était pas aisé avec un choix de restaurants limités et des cartes ne proposant que des plats à la viande. D'un air désolé-pour-le-dérangement, il fallait demander au serveur courroucé de fait si il était possible d'avoir la salade niçoise sans œuf et anchois, l'assiette melon sans jambon ou la purée sans le tournedos avec un supplément salade. Sur un ''je-vais-voir-avec-le-chef-ce-qu-il-peut-faire'', un rugissement tonitruant pas-piquée-des-hannetons informait l'intégralité de l'assistance que si-tu-peux-pas-manger-comme-tout-le-monde-va-ailleurs en mode poli. Déroger aux habitudes a un coût et votre plat était facturé au prix fort. Heureusement, la lasagne végétarienne souvent livrée congelée s'est imposée et a résolu les conflits.  Et puis, les concepts végétaux ont explosé et manger en mode V. n'est plus un parcours du combattant à Paris. Vous avez l'embarras du choix si vous acceptez souvent de manger médiocrement  et de débourser une fortune dans une déco bien pensée par un architecte de renom ou non  aide à avaler la pilule. 

Le jeune café Ineko offre ce grand plus dans l'assiette. Une bouchée suffit pour dire qu' il y a un ou une vrai(e) chef(e) dans cette très belle cuisine nichée au fond de cet espace atypique au décor d'architecte. La cuisson de l'artichaut et des lentilles est parfaitement maîtrisée, l'aubergine est divine,  l'assaisonnement impeccable, l'assiette a de la couleur et les légumes la saveur d'un jardin potager cultivé et cuisiné avec tendresse. La carte de Julie Bavant qui a été formée, dixit la toile, chez Alain Passard est succincte en ce 14 juillet mais vaut le détour pour une pause gourmande, simplissime et savoureuse.

Côté dessert, la tarte aux abricots manquait de tout beaucoup mais comme la maîtresse des lieux Inès de Villeneuve ne me l'a pas comptée. Erreur, omission ou on purpose... je dis merci et à une prochaine fois si j'y trouve encore de la place mais ça, c'est une autre histoire...

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Café Ineko 13 rue des Gravilliers 75003 Paris. Ouvert dès 8:00 - Fermé dimanche et lundi 

(1) V. comme....   Ovo-lacto-végétarien : œufs et produits laitiers. Lacto-végétarien : produits laitiers mais pas d’oeufs. Ovo-végétarien, œufs mais pas de produits laitiers. Végétarien strict ou végétalien ni chairs animales, ni oeufs, ni produits laitiers, ni miel. Vegan est un végétalien qui exclut en plus la consommation secondaire des produits venant des animaux comme la laine, le cuir, les produits cosmétiques ou ménagers testés sur les animaux.   

 

 

CURE DE PERMACULTURE, DETOX ET PAS INTOX....

Choisir de passer ses vacances au Portugal, rien de bien anormal même en période électorale. Pas aux bord d'une plage de l'Algarve, ni sur la route de Fatima mais à Alpalhào en Permaculture. Et, ça donne à mes interlocuteurs des yeux tout ronds comme si je partais pour un stage de peinture sur Zèbre en Tanzanie... Dans l'avion, je ne sais toujours pas dans quelle aventure je m'embarque, ni répondre précisément à la question souvent posée: c'est quoi la Permaculture ?  

Assise dans l'herbe ou dans de grands canapés, entourée de 21 impermaculturés en devenir, j'ai écouté ou non, pris des notes ou non, bavardé, posé des questions, compris ou pas et appris, loin du mode #adoptMollisondanstonjardin-#jekiffeHolmgrenforever, que

1. la permaculture a pour objectif de créer des systèmes durables et productifs capables de subvenir aux besoins de l'homme en coopérant avec la nature 
2. l'interaction et la complémentarité entre les éléments de l'écosystème (plantes, animaux, nutriments, facteurs climatiques,,.) permet d'appliquer la méthode de conception permaculturelle qui utilise les schémas de la nature ou patterns.
3. En finalité, le travail est minimisé, les déchets deviennent des ressources, la productivité et le rendement augmentent et l'environnement est réparé.

J'ai vécu une expérience humaine extraordinaire et partagé l'enseignement et la salle de bain avec des Hommes et des Femmes de valeur, respectueux qui se posent des questions, cherchent du sens et une envie d'avenir. Des personnalités de tout horizon, pas "perchés" sauf pour l'atelier de taille, tout âge, au caractère bien trempé, nuancé, effacé, gai, déjanté ou tourmenté qui, au fil des vaisselles, des cercles matinaux-j-ai-confiance-en-moi-quand...", de séances Permazen ou de devinettes improbables se sont livrés à l'apprentissage de la permaculture. Au fil des slides colorées. du paperboard ébouriffé, les langues se sont déliées, les confidences distillées. On est pas resté "bouse-cousue" en atelier  BIOL et compost. La communauté s'est liée, a joué, ri beaucoup, partagé ses expériences et vite tiré la leçon sur le stress hydrique en pratiquant la permapicole sans glaçon aux bars du village.  

Sur de grandes tables à l'ombre ou plein soleil pour le hâlé de vacances, on a mangé sain, végétarien, équilibré et bien. Certains ont vécu une véritable révolution alimentaire avec la découverte de la graine de lin au petit déjeuner. De mon côté, je ferai bien un fromage sur  la  fleur de chardon plongée dans le lait de brebis ou de cette confiture de tomate rare et flamboyante en bouche de la Quinta dos Ribeiros. Une Seule entorse à la naturalité, des petites brochettes grillées qui auraient pu convertir tout "végan" en crise identitaire... Mais ici, jamais de prosélytisme, juste une ouverture bienveillante aux autres.

Les jours ont passé...  On a planché, zoné positivement, dessiné des patterns en cactus au Maroc et en fleurs de houblon dans les Hauts de France mais ça aurait pu être en endive. On en est venu aux chêaines au Pays Basque Espagnol et craqué aux Açores pour les  12 principes revisités et hilarants de permaculture. Tous ces efforts, pour obtenir, en toute humilité un  CCP et déjà nous dire au revoir.  

Au terme  de 12 jours  d'all-inclusive-permacole, j'ai réalisé que la permaculture est une philosophie, une science, un art de vivre qui en suivant ses principes "Prendre soin de la Terre, prendre soin des Hommes, partager équitablement les ressources" m'avait permis de mieux comprendre la nature et d'être encore plus admirative devant son équilibre, sa générosité et de constater que l'écosystème n'est pas un égosytème. Cette expérience, c'est aussi  (re)-prendre soin de soi et cultiver notre jardin. comme dit si bien Voltaire mais ça, c'est une autre histoire !

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Que la P(aix)rmaculture soit avec vous... Anne, Anne-Cécile, Sophie, Anthony, Bertrand, Caroline, Catherine, Cédric, Chloé, Christèle,  Cécile, Jeanne, Joël, Hugo, Manuela, Max, Nabile, Nadira, Nathalie, Paloma, Sophie, Youssef... Merci aux formateurs Jean  , Thibaud, Dom.,  à notre hôte Natacha de la Quinta dos Ribeiros, aux chefs de cuisine Marino, Joanna et leur équipe et à notre acteur burlesque, l'incontournable  MaTThieu... #Bepermacool&Seeyousoon@Permalpalhao...

" 6 MOIS DE RÊVERIE" A PARIS...

 Un éléphanteau  gris  sur un tout petit balcon en zinc de Paris, ça ressemble à un poisson d’avril …. Aperçu par la fenêtre du bus 29, un vrai dimanche de mai, j’ai penché la tête et  frôlé le torticolis. La magie des rencontres  n’a pas de prix… Il a occupé mes pensées pendant tout le trajet et bien des jours après. Je me suis jurée de revenir. Quand mon téléphone a sonné, je venais juste de le mettre dans ma boite… à photo ! Après des semaines, il était toujours à la fenêtre, sage,  attendant que quelqu’un  lui ouvre. Début d’une histoire  irracontable… 

Elle a éclaté de rire, à l’autre bout du fil,  et demandé si j’avais ingurgité des substances illicites….Oui, une double dose de rêverie  et il était encore tôt dans ce samedi pour m’arrêter.  Rue Elzévir, à la pâtisserie Meert, je n’ai goûté que  le magnifique (é)clair-obscur de la boutique. Plaisir, désir, ligne… quel dilemme ! Heureusement, à quelques pas,  le musée Cognacq-Jay, offre une exposition Thé, café ou chocolat ?  Dans l’austère cours intérieure, les bancs de bois, baigné de soleil, se remettent des pluies de l’hiver alors que  les pimpantes chaises bleues, à peine sortie, les narguent sur la terrasse du café éphémère.  Recroquevillée sur sa chaise, la tête courbée à l’impressionnante  chevelure blanche, concentrée,  la dame du pays des Lilliputiens écrit.  Le sac en bandoulière, un imper pas-de- saison, un magazine bien serré dans la main, elle, aussi,  l’a vu entrer et lui a souri ‘’la chaise est libre’’.  L’homme à l’allure d’un hérisson, sans hésitation, a rejoint le banc juste derrière elle.  Elle s’est replongée dans ses écrits.  Ils étaient, pourtant, si bien assortis.

"L'Homme qui parlait à son Enfance"

Lézard réchauffé, dans le dédale des rues, je retrouve mon teint de Perle, devient vieille à Temple,  remonte le Perche à pied, croise Saintonge que je croyais au Meurice.  Dans la cathédrale Sainte Croix,  je reste en tête à tête avec Thérèse.  Le  concert de piano  commence. Impossible de sortir, le grand porche a été verrouillé. La Sainte  m’aurait-elle  punie pour ce  stupide jeu de mot qui me fait toujours rire. En retrouvant le soleil de Charlot,  l’hôtel de Retz affiche "6 mois de rêverie"une aubaine qui ne se refuse pas.

J’entre dans l’univers de Pascal Colrat. L’élégante sobriété du lieu, plafond haut et luminosité n’ajoute qu’à la beauté des dessins et à la phrase qui les illustre.  La nuit,  Ésope  et La Fontaine échangent, sûrement, dans le petit jardin,  autours de cette onirique table de ping-pong  sur les héros de ce parent du XXème siècle.  Touchant poétique, ce regard sur l’Homme…  On y lit les doutes, les peurs, le questionnement, le rapport à la vie.  Sensible, drôle, pas moraliste mais un regard attentif sur les dilemmes existentiels  avec légèreté et pudeur… Beau,  tendre, ça vient du fond du cœur et  vous touche l’âme…. 

 

J'aurai aimé repartir avec un livre de ces dessins mais il n’existe pas.  Dommage, je voulais tous les adopter comme "le rat qui s'était fait friser les moustaches pour qu'on l'aime" ou "Le Chien déterminé à traverser la terre" et prolonger l' histoire. L’exposition joue les prolongations jusqu'à la mi juin, à voir absolument pour s'assurer "6 mois de rêverie" et plus si affinité.

J’ai quitté à regret le lieu après une pause à la terrasse du petit café.  Puis, longé la Bretagne pour rejoindre Nazareth où je ferai une jolie rencontre au Kilikio mais là, c’est encore une autre histoire….

La Tamalera "Haute Cuisine de Rue Mexicaine" sur les trottoirs enneigés...

A écouter parler les gens du cru d’un départ prochain pour la Thaïlande, Jamaïque, Brésil, Australie ou Floride, je commence à comprendre que la migration hivernale vers le sud est l’héliothérapie obligatoire pour survivre à un hiver loooong, rigoureux  et supporter l’idée que l'année prochaine, ça s'en revient...  

Ce samedi, alors que j’arpente les trottoirs enneigés et  foule les cristaux de sel, non pas de la mer des Caraïbes mais de déglaçage, je tombe sur un petit coin du Mexique, le Tamalera.  Inclassable et pétillant, ce petit resto du Mile-End a tout pour charmer. Fleurs fluo, nappes bariolées bleu ou rose en plastique, exvotos-cœur, bougies pieuses, crucifix, effigies de Saints sur de grands murs blancs, une déco joyeuse avec la kitsh qui donne le sourire sans les hauts de coeur. 

La salle rappelle une terrasse du sud avec ses cinq tables posées là mais que l’on pourrait bouger pour se mettre à l’ombre dans une après-midi ensoleillée du Mexique.  L’effet est tel que les clients commandent en espagnol sous le regard attentif de jeunes femmes discrètes vêtues de noir. Sur le petit menu à l’ardoise, je  choisis un tacos al pastor. En attendant, j’observe la petite fille de la table d'à côté siroter à la paille une potion rose qui me rappelle le lait grenadine de mon enfance.

L’assiette qui m’arrive est superbe. J’y savoure un délicieux porc braisé tout en tendresse et fondant mélangé  avec de petits morceaux d’ananas sucrés et juteux sur des galettes moelleuses.

 J’ai adoré à presque vouloir en recommander ! Mais, l'esprit du lieu m'a soufflé "ne te laisse pas succomber... à la Tentationne!". Alors,  je me suis dit que je reviendrai pour gouter la formule brunch arrosée d'une infusion d’hibiscus alias Agua Jamaïca et m'imaginer sur une plage de sable fin avec ma copine Agua del Té. En retrouvant la rue, je me dit que les petits voyages offrent aussi de grands bonheurs et que le soleil n'est jamais loin...

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Une escapade Déjeuner Sud,  à petit prix, sans faire ses valises...

Dépaysement Gourmet assuré !

Suivez le plan...

 

 

OLIVE & OLIVES, DU SOLEIL DANS L'ASSIETTE...

Avec la nouvelle année, je découvre le bon gout de l’hiver… J’ai dégusté les effets de trente centimètres de neige tombés dans une nuit et le plaisir de se réveiller dans une ambiance ouatée et feutrée qui vous donne envie de chuchoter. En rejoignant la station de bus, mes pas craquent comme une meringue que l’on croque. Je souris, d’autres grimacent!  Et patatras, moins 28◦ Celsius… me voilà au coeur d'un film d’horreur, mon sang se glace, j’ai le bout des doigts d’une momie  et  à chaque inspiration, un lanceur de couteau à la lame émoussée me transperce les narines.  Alors, à la prévision d’un plus 4◦ C avec de la pluie, je me suis dit « tiens c’est l’été » ! Quelle naïve... Les rues ressemblent à une patinoire inondée et moi à un pingouin sur une banquise en dégèle. Allez, un petit refroidissement la dessus à venir, et c’est une entrée gratuite à la patinoire olympique de Sotchi pour une médaille d’or de la chute !  Je décide de mettre du soleil et du bon gras dans mon assiette. Alors, je me pousse  et pousse la porte de la boutique de Olive & Olives juste assez près de chez moi pour arriver entière.

 

 Pas besoin de vous faire un dessin, ici, on trouve de l’huile et des olives ! Une large sélection d’extra vierges en provenance très majoritairement d’Espagne. Grand cru, d’appellation d’origine,  de variétés hojiblanca, picual, arbequina, bio ou non, il y en a pour tous les gouts. Aux notes d’herbes fraichement coupées,  agrumes, artichauts, tiges de tomate, pommes, amandes vertes ou noix fraiches, on retrouve toutes les fragrances de l’olive pressée.  

Ici, on vous explique que la maison Olive et olives créée en 2003 importe les huiles qu’elle sélectionne auprès des producteurs locaux et embouteille sous son propre label. L'étiquette se démarque rapidement avec ses grand numéros. J’ai gouté la 1 « primeure », monovariétale arbequina, non, filtrée, pressée avec les premières récoltes d’octobre 2013, si fraiche et parfumée que j’ai senti l’ombre automnale d’un champ d’oliviers. La 8 est très sympa dans son bidon métallique et éco de 2.5l, herbacée et bien équilibrée, elle offre un beau fruité sans ardence pour une consommation au quotidien. Vous pouvez continuer le voyage vers la Tunisie en découvrant les senteurs de la Chemchali ou chetoui, passer par l’île Hellène de Lesvos qui cultive les douces adramitiani et kolivi. L’Italie et la France ne manquent pas à l’appel. Et si vous hésitez à choisir, vous pouvez déguster toutes les huiles comme les vinaigres, mettre votre nez dans les échantillons d’épices pour continuer le voyage et ainsi repartir avec le produit qui convient à vos papilles.

 

Arrivant de la méditerranée, côté prix, ça me fait un peu « blizzard » mais j’en conclus en retrouvant le dehors avec une bouteille coup de coeur de ABBAE D Queiles*,douce aux fragrances d’amandes vertes et fleurs de basilic que dans le grand nord quelques gouttes de soleil vert n’ont pas de prix.  Allez avec un billet à 34,95$*, j’aurai peut-être la plage mais sous les parasols, une compagnie de pingouins !

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BOULANGERIE CROUSTILLANTE CHIC, "O TAKIS"...

Ses yeux pétillent quand il me dit qu’il n’y a pas meilleur pain que celui qu’il achète dans le quartier de Koukaki. Ce n’est pas la porte à côté avec Paléo Faliro ! C'est un peu comme habiter au 6ème sans ascenceur et avoir oublier le sel. Moi, j'y pense à deux fois avant d'y aller. A deux pas, nous avons l'impeccable Pétromilo de la rue Sirinon,  le sublime Karveli de campagne de Terpsixoris, le Galiko complet de Iridos ou cet délicieux pain jÔne au maïs à l'angle de Naïadon & Zaïmis. Aucun n'a grâce à ses yeux. C'est là-bas que tout est meilleur ! Bon, je suis curieuse de découvrir The-fournos-of-Koukaki mais pas désespérée. Athènes compte, dans chaque quartier, d'excellentes boulangeries qui pétrissent, boulent, façonnent et cuisent encore sur place. Et il n'est pas rare, quand je marche dans les rues du quartier, que l'odeur de pain, de brioche, de biscuit à la cannelle à peine sortis des fours ou qu'un sirop de sucre versé sur des glyka Tapsiou(1) encore chauds me chatouillent les narines, me fassent déglutir comme un chien de Pavlof. Et quand, en plus, ces parfums se confondent avec le jasmin ou la fleurs d'oranger des rues, c'est divin absolument divin !

Tiens, me voilà beaucoup plus vite que prévu devant Le fournos « O Takis » ! Mon guide a de la suite dans les idées. 

Une devanture étroite aux tons chauds et soignés, une enseigne traditionnelle de bois peinte, une couronne de lavande, la barre pour attacher les animaux de compagnie, je me dis que je pourrai être ailleurs tout en étant à quelques pas du musée de l'Acropole, dans Koukaki alias le Petit Paris d'Athènes, au siècle dernier.

 A cette heure, la boulangerie déborde de monde. Il y a déjà eu une razzia dans les paniers de bois foncé. J'aperçois de filiformes baguettes qui me plaisent. Dans la vitrine, des petits feuilletés au jambon, tout dorés, débordent de fromage et me font de l'oeil avec de beaux sandwichs tout frais préparés. Une jeune vendeuse renseigne tranquillement une cliente qui cherche un encas salé. Ici, on ne bouscule pas, on ne parle pas fort et on ne gruge pas dans la queue... Sur le comptoir des gâteaux aux pommes et d'autres ronds et gros avec des couches de crème un peu british et une farandole de pains longs, carrés, tranchés, blancs, noirs, graines de sésame ou de lin. Avec ses 30 variétés de pain, il y en a pour tous les goûts.

Je choisis à l'aveugle un pain noir tranché qui ressemble au Vollkornbrot germanique, bonne pioche, et repars aussi avec une de ces longues baguettes plates, à la croute généreuse et avec ce juste qu’il faut de mie… pour préparer des tartines en mode salade grecque pour le déjeuner.

 

Je comprends pourquoi beaucoup d'Athéniens courent dans cette institution classée souvent dans le top ten des boulangeries de la capitale.

Et moi est ce que j'y retournerai ?

Si je suis dans le quartier, oui et parce que la baguette "Καμπαγιού" farine blanche ou complète est la meilleure que j'ai goutée sur Athènes jusqu'à présent, genre pourquoi rentrer à Paris ! Et puis je ne suis pas arrivée assez tôt pour tester les gâteaux. 

Et je conseille de passer par là lors d'une visite l'Acropole et le Musée afin d'éviter les vendeurs du temple aux tarifs très touristiques. Les sandwichs sont moins chers et sans conteste  de meilleure facture plus un large choix de tartes et de feuilletés. Et à quelques pas de là, vous pourrez rejoindre  la colline de philopapou et la petite buvette pour vous poser et croquer au calme à l'ombre des arbres. Par contre si vous préférez emporter votre glacière, alors là, c'est une autre histoire...

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Boulangerie O Takis 14 Misaraliotou street, Koukaki. Tél. 2109230052 Horaires: Lundi à vendredi 7:00 – 20:30 Samedi: 7:00 – 16:00, Fermeture le dimanche. 

(1)Glyka tapsiou, catégorie qui prend le nom du moule dans lequel les gateaux sont préparés (tapsi) et regroupe les gâteaux au sirop d'Asie Mineure type baklava, kadaïfi, galaktobouriko,...(2)Very Greek, dessous de plat et sous-verres en plexiglass créés par Katerina Moraïti. En vente à la boutique du Musée Benaki à Kolonaki. Ne les cherchez pas dans cette couleur, elle n'existe pas !

 

L'YPEROKEANO, UN PAQUEBOT DE POCHE...PREMIÈRE ESCALE

Pour apprécier Athènes,  il faut se départir de tout préjugé, ne pas comparer,  accepter  ses laideurs pour en apprécier « la substantifique moelle ». L’œil peut être fatigué par un état d’abandon, de laisser aller dans les rues ou sur les façades d’immeubles.  On peut s’agacer des trottoirs étroits, de guingois, souvent  encombrés d’échafaudages dépenaillés qui rétrécissent encore un peu plus  le passage, des  automobilistes garés  en épis, prêt à mordre si vous vous risquez à la moindre réflexion ou qui vous regardent de travers au cas où vous érafliez la peinture en vous faufilant dans le maigre espace qu’il y a entre le mur et son véhicule. En passant à l’arrière, il faudra gérer les deux -roues zigzagants entre les voitures, peu attentifs aux piétons. Ils vous évitent en  lâchant des jurons et vous montrent  le trottoir. Autre situation amusante,  le moment où  la voiture-du- trottoir force le passage pour reprendre ses droits sur la route et oblige un deux roues à freiner. En général, commence un échange vif visière levée et glace baissée où chacun hurle qu’il a raison. Le ton monte, les voitures bloquées klaxonnent. On pense qu’ils vont en venir aux mains. Je souris devant cette scène dont je connais déjà la fin. Dans le centre, qu’on se le dise, on est toujours pressé, agacé, et un peu rude. On bouscule  facile et sans excuse. Ici, on court parce que courir est un état. C’est peut être normal au Pays du Marathon !

Je m’empresse  de rejoindre l’église Aghia Irinis en longeant la rue Perikleous.  A cette heure matinale, Il fait déjà chaud, très chaud, trop chaud et trop tôt pour beaucoup d’Athéniens déjà  épuisés  par  les temps qui courent. La rue est en ébullition. Les marchands de tissus, de bijoux et de perles ont ouvert leur porte.  Bon signe, des ouvriers  rénovent de vieux magasins depuis longtemps fermés. Trop tard ! La vieille enseigne « Joli » a disparu, tant pis pour moi !  

La lumière au fond du stoa du 46 de la rue m’arrêtent.  Des chaises de kafénion grises et jaunes, un énorme poisson dessiné  à l’entrée, je cherche un indice, un nom…Rien. Me voilà dans la fraicheur de ce passage vide. La plupart des magasins ont définitivement baissé le rideau. Je me rapproche de ce puits de lumière de métal et de verre.  A droite,  je trouve enfin ce que je cherche.  J’aperçois  un jeune homme en veste noire de chef. Il  fait la mise en place dans la minuscule cuisine de son navire nommé l’Yperokeano,  un transatlantique de poche. Je jette un œil sur le bloc à spirales qui sert de menu, Voilà que j’ai trouvé mon escale pour déjeuner! Pas le temps de m’attarder. De toute façon, les cuisines n’ouvrent qu’à partir de 13h00.

Je repars pour une visite gratuite de la rue Eolou,  commentée par une guide professionnelle . Ici, c’était organisé par la Mairie d’Athènes mais de plus en plus d’activités gratuites sont proposées. une nouvelle façon de vivre dans la capitale et de l’apprécier. Demandez le programme ! Il est 13h00, je retrouve la fraicheur du passage et passe commande, mais ça c'est dans la prochaine escale... 

 

PÉCHÉS DE "FLAOUNESSE"...

Athènes vide, quelle aubaine! Me voilà à arpenter les rues de Kolonaki pour rejoindre Exarcheia. Sur des terrasses de café aux  rideaux baissés, je joue à la cliente  qui ne trouve pas où s'assoir, un véritable luxe. Dans le quartier des z’anarchistes Hellènes, même pas peur, je rase des murs tagués, gribouillés, graffités, juste histoire de profiter de  l’ombre d’une matinée déjà suffocante.  

Je longe le jardin communautaire, une bulle de verdure au milieu de l’agglomérat d’immeubles ne voulant pas troubler les occupants des bancs dans leur réveil matinal. Dans la voie piétonne vide, il me faudrait au moins la journée pour passer en revue les façades bigarrées de fresques et lire les slogans contestataires. Enfin, j'arrive dans la rue Benaki en me demandant si la dame aux cheveux blancs qui m'a gentiment indiquée une boulangerie appartenait à une bande organisée. Ne suis je pas  au coeur d'un quartier, dixit les médias et même le département d'État américain, noyant dans le complot et l'agitation? Tout journaliste ou correspondant de passage à Athènes a vu, rencontré et même interviewé des purs et durs de la contestation... Ma seule certitude, ça ne devait pas être un vendredi saint ! En sonnant à la porte du sixième étage,   je souris en entendant  mon amie Patricia s'exclamer avec sa gouaille de parisienne-de-la-rue-Lepic "Pourquoi as tu apporté des petits pains, j’ai des "flaounes " . Je ne sais absolument pas ce qui se cache derrière ces étranges et rigolotes Flaounesse.  Elle s’empresse de m’expliquer que c’est une spécialité du Pays des Seftaliés qui se prépare le vendredi de la semaine sainte. Ici, je précise nous sommes dans un territoire chypriote qui parle aussi le Swahili...

 

Sur la terrasse plantée, avec vue sur le Lycabette et l’Acropole, je croque, alors que je ne devrai pas, dans un chausson tiède et moelleux aux quatre fromages (Kéfalotiri, Graviéra, Haloumi et Galotyri), qui ressemble à un pain aux raisins dodu.  Miam, ça a tellement le gout du péché divin que je m'empresse de demander la recette !  

Après les fêtes,  je vais demander à être réinvitée pour un café…même si y a pas de lait, que les tasses sont dépareillées, presque ébréchées, que la terrasse n’est pas balayée car ce cahier j’aimerai bien continuer à le feuilleter mais ça, c’est une autre histoire !

 

 

 

CARTE POSTALE, LE PORT DE PÊCHE DE GLYFADA...

Un capharnaüm coloré, désordonné, de caïkis et petits chaluts, de pêcheurs affairés, de matous matelots et d’étals à poissons. Un quai encombré de filets roses, bleus et jaunes, tas éparses en attente de remaillage ou d’un prochain embarquement. En silence, tout le monde vaque. Les chats, eux, somnolent d’un seul œil perchés sur des couvertures délavées ou de vieux bouts de moquette douillette.

Les bateaux amarrés sont si serrés qu’en une enjambée, on remonte le quai. Sur cette cote sud ou les marinas, les clubs à la mode, les plages privées s’enchainent, cette petite flottille en L minuscule et sa taverne dans Glyfada me rappellent un village gaulois, enclave réfractaire à l’Empire Romain ! Une halte propice au dépaysement à deux pas d’Athènes pour s’y balader et repartir avec du poisson frais si le cœur vous en dit.

Ce jour-là, je suis repartie avec deux kilos de chinchard(1) 2,50€ le kilo (2)  vidés et nettoyés avec le sourire et en faisant la causette. Les poissons ont finie dans une bonne marinade comme mes grands-mères faisaient autrefois avec les harengs pour les garder pendant l’hiver.

La recette, est-ce bien utile... Qui "s’amuse" à préparer des poisson marinés de nos jours ! Si vous y tenez vraiment, y a qu’à demander, je vous l’enverrai avec plaisir. D’ici, là bon weekend de Kathari Deytera…

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(1) Chinchard ou saurel. En grec, safridi (σαφρίδι) et aussi Horse Mackerel ! (2)  2,50€ aux bateaux de Glyfada et 2€ comme l'indique la pancarte au Pirée...

"KOTOSOUPA" CITRON POUR PLUIE D'AVRIL

Avec Avril, la saison touristique commence aux Pays des Hellènes. Que ce soit un circuit classique Delphes et les Météores ou Épidaure, Mistra et Nauplie, un combiné Cyclades Mykonos-Paros-Santorin ou une formule club en Crète, les agences de voyage garantissent le soleil dans le package. Et, là, c’est carrément oublier le proverbe « Avril, ne te découvre pas d’un fil »  qui s’applique aussi à notre pays !

Alors quand les visiteurs arrivent de loin, à la recherche d'un soleil promis, sous une pluie torrentielle et un ciel gris à pleurer comme aujourd’hui…Ils s’exclament « si-j-avais-su-je-serai-pas-venu » accompagné d’un « il faisait meilleur chez nous ». Les plus compréhensifs demandent  « c’est normal à cette saison ». Alors, souhaiter de bonnes vacances à un groupe dépité et trempé qui porte des chaussures à lanières et des polos manches courtes en les amenant à un hôtel club où il devront porter une combinaison de plongée pour rejoindre le bar à cocktail au milieu de la piscine n’est pas une mission des plus aisées. C’est comme expliquer à un groupe de chats les bienfaits d’un bain au lait d’ânesse. Là, le mythe grec en prend un sacré coup.  Et ce pays n’a pas besoin de ça. Alors, aujourd’hui, où c’est un temps à manger du pot au feu et à rester chez soi, je déclare haut et fort, Avril est un mois météorologiquement capricieux…

A cette saison, la Grèce est magnifique, la nature riche et généreuse. Vous montez à l’Acropole sans tirer la langue, visitez les sites archéologiques dans les fleurs et profitez de rayons de soleil qui donnent un joli hâle.  Cependant, n’oubliez pas un lainage, un imperméable à glisser entre vos shorts et robes décolletée. Et, l’écran total est absolument superflu. Vous pourrez faire un plongeon dans les eaux claires de la mer Egée ou du golf saronique, encore très fraiches et rester bloquer sur une île cause de vents forts et pas de grèves. 

Voilà, à quoi je pensais, en préparant ma Kotosoupa me lemoni (soupe au poulet et citron) de ce jour pluvieux d’Avril. Dans cette période agitée où l’on nous traite déjà de fraudeurs faudrait pas qu’on nous traite aussi de menteurs... Et si il fait grand beau, je passerai, au plus, pour une afabulatrice ! 

INGRÉDIENTS: Les restes d’un poulet rôti avec la carcasse et jus de cuisson – 1 cube bouillon de légumes – 1 oignon moyen entier épluché – 4/5 carottes épluchées coupées en tronçon – 100g de pâte kritharaki* ou riz blanc  – Jus d’un gros citron – 3 zestes de citron - Coriandre ou Persil hâché - Sel. Pour 4 assiettes. 

PRÉPARATION: Dans un faitout, mettre le poulet et tous les ingrédients excepté le riz, la coriandre et le jus de citron. Couvrir d’eau. Amener à ébullition et laisser frémir environ 1 heure. Retirer le poulet et enlever la chaire. Réserver. Retirer les zestes de citron. Couper l’oignon cuit en fines lamelle et les remettre dans la casserole. Vérifier l’assaisonnement du bouillon et dégraisser le si nécessaire. Verser les kritharaki* (pâte en forme de riz) dans le faitout. Amener à ébulition. Couvrir et éteindre. Laisser à couvert 8 minutes pour la cuisson des pâtes, pour le riz compter 12 minutes. Ajouter les morceaux de poulet. Mélanger. Répartir dans l’assiette pâte, poulet, carottes, oignon et recouvrir de bouillon bien chaud. Ajouter environ 2 c à s de jus de citron et plus si affinité et la coriandre hâchée. Pour cette version printanière de kotosoupa, je n'ai pas épaissi le bouillon avec une sauce avgolémono (oeuf-citron), je préfère ajouter simplement un jus de citron frais avant de servir. Cette soupe se mange très chaude.